martes, 21 de diciembre de 2010

1497- CABO BUENA ESPERANZA- Arco Musical descrito por el diarista de Vasco de Gama

C’est en musique, plus précisément au son d’un orchestre de flûtes, qu’un groupe de « Noirs » accueillit Vasco de Gama et son équipage dans la baie de São Bras (aujourd’hui Mossel Bay), non loin du Cap de Bonne Espérance, le 2 décembre 1497.
Le diariste de Vasco de Gama ne s’est pas contenté d’évoquer la musique jouée par les Noirs, mais en a proposé une description à la fois imagée et précise. C’est qu’il y a sans doute repéré un certain nombre d’éléments communs à la musique occidentale de la fin du xve siècle, en tout premier lieu les flûtes, lesquelles
« concertent », organisées en orchestre de quatre ou cinq instruments, une formation connue alors en Europe occidentale. En outre, chacune étant limitée à un seul son « haut » ou « bas », ces flûtes devaient très certainement jouer ensemble en hoquet, un procédé de composition utilisé dans la musique du Moyen-Âge et
de la Renaissance 7 et que le diariste de Vasco de Gama connaissait sans doute. Mais est-ce la sonorité éclatante de l’orchestre de flûtes, son organisation structurée ou bien sa proximité (relative) avec la musique occidentale de l’époque qu’il apprécia, écrivant à ce propos que les musiciens « concertent fort bien 8 »?
Dès la création de la colonie du Cap par les Hollandais au xviie siècle, les flûtes, et quelques autres instruments comme le gom-gom, la goura (arcs musicaux) et le rommelpot (tambour fait d’un récipient en terre ou en bois recouvert d’une peau d’animal 9) devinrent typiques des populations autochtones. Le gom-gom fit ainsi à lui seul l’objet d’une entrée dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert 10 :

« Gomgom, (Luth.) Les Hottentots ont aussi un instrument de musique qu’ils appellent gongom, & qu’on dit leur être commun avec toutes les nations nègres qui sont sur la côte occidentale d’Afrique. Le gongom des Hottentots est de deux sortes. Le petit & le grand. Le petit gongom est un arc de fer ou de bois d’olivier, tendu par le moyen d’une corde de boyaux, ou de nerf de mouton, suffisamment séché au soleil. À l’extrémité de l’arc, on attache d’un côté le tuyau d’une plume fendue, & on fait passer la corde dans la fente. Le musicien tient cette plume dans la bouche lorsqu’il joue de son instrument, & les différents tons du gongom viennent des différentes modulations du souffle. Le grand gongom ne diffère du petit que par la coque d’une noix de coco, dont on a coupé la partie supérieure, & qu’on fait passer dans la corde par deux trous avant que l’arc soit tendu. En touchant l’instrument on pousse cette coque plus ou moins loin de la plume, suivant le ton qu’on veut produire. […]. J’avoue naturellement que je ne conçois pas comment la plume fendue, ni la noix de coco, peuvent produire différents tons ».
7. On pense bien sûr à la Messe de Guillaume de Machaut. Cette technique est également présente aujourd’hui dans les orchestres de flûtes de plusieurs populations sur tous les continents (notamment les Wayana et Wayampi de Guyane et du Brésil, les populations montagnardes du Vietnam ou bien encore les habitants des îles Salomon).
8. D. Peres (1945 : 8).
9. Le rommelpot est communément traduit par « tambour à friction ». Or, si l’on regarde attentivement les documents iconographiques du xviiie siècle, notamment ceux intégrés à l’ouvrage de Peter Kolb, on s’aperçoit que certains spécimens sont bien à friction (son produit par la friction d’un lacet de peau qui troue la peau et qui est actionné par l’instrumentiste) tandis que d’autres sont de simples tambours à membrane unique (son produit par le battement des mains de l’instrumentiste sur la membrane).
10. D. Diderot et D’Alembert (1777 : 244, vol. 20 suppl. III) d’après P. Kolb (1741 pour l’édition française de la Description du Cap de Bonne Espérance). Pour une analyse détaillée de ces sources, voir F.-X. Fauvelle-Aymar (op. cit. : 291-293).
FUENTE: PAG 197: Archives Khoisan : l’histoire comme champ de la musique par Emmanuelle OLIVIER
Verdier  Afrique & histoire 2006/2 - N° 6 ISSN 1764-1977  ISBN 2-86432-474-1  pages 195 à 224
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=AFHI&ID_NUMPUBLIE=AFHI_006&ID_ARTICLE=AFHI_006_0195&REDIR=1

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